.29 septembre 2017
Par Pierre Paulus / L'Avenir - Classic 21

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Que faire pour être programmé·e en radio ?

“Que faire pour être programmé·e en radio ?” La réponse ne coule pas de source. D’une part, la question est vaste : il n’y a pas de mode d’emploi unique applicable à toutes les radios de Wallonie et de Bruxelles. Elles possèdent chacune leur propre façon de fonctionner. Leur propre sensibilité. Avec des nuances entre radios locales et nationales ; publiques et privées. Vaste question, donc. Question sensible, aussi. En en discutant avec des programmateur·ices, plusieurs ont partagé cette réaction spontanée : “Tu veux la version officielle ou officieuse ?” L’officieuse ressemble souvent à ceci : “Il suffit à certains artistes de savoir comment sympathiser avec des patron·ne·s pour que le lendemain, et quelle que soit la musique, ces derniers débarquent en réunion de programmation et tentent de vous persuader que la dite musique est une pépite, à programmer sans tarder.” Voilà pour l’officieux. Pour le “off”. Côté “on the record”, les conseils émanant des programmateur·ice·s et directeur·ice·s d’antenne sont pluriels. Et, bien qu’officiel, le propos n’est pas à négliger. Que du contraire. La vérité se trouvant, je le pense, entre les deux.

Que peut-on entendre de moins tabou au sein des radios afin d’intégrer la programmation? Que l’artiste doit connaître la radio qu’il sollicite, son format. Que l’idée de passer en radio ne doit jamais dominer le reste au moment de composer. Qu’il faut essayer de se concentrer sur une bonne chanson. Qu’il faut éviter l’overdose de relances, par mail, message privé, courrier ou autre. Que pour aucun artiste, il n’y a de passage automatique en radio. Et enfin, que la radio n’est pas une fin en soi. Qu’il y a bien d’autres supports pour se faire connaître, à commencer par la scène et internet.

Malgré tout, programmateur·ice·s et directeur·ice·s d’antenne s’accordent pour admettre “la force collective de découverte” liée à la radio. En particulier, aux radios nationales. Or, c’est souvent à ce niveau là que le bas blesse en matière de découverte. Pour s’en persuader, il suffit de se rendre à la rencontre des (nombreux !) artistes émergents actifs en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il est rare que, pour ces artistes, entrer dans la programmation d’une radio nationale ne s’apparente pas à un parcours du combattant. L’enjeu est pourtant de taille. Car c’est précisément grâce, entre autres, à cette “force collective de découverte” que les artistes drainent du public. Et, par ricochet, que les salles de concert à même de les accueillir se remplissent, investissent, peuvent recevoir les artistes dans de bonnes conditions, etc.

Si la radio n’est pas le remède miracle, elle représente à tout le moins une partie de la solution. Heureusement, il est encore possible, pour des artistes émergent·e·s et indépendant·e·s, de trouver écho sur des ondes nationales sans devoir user du copinage. Intégrer la programmation d’émissions de journée, dites “de flux”, demeure très compliqué, c’est un fait. En revanche, frapper à la porte de programmes plus nocturnes, ou décalés, et d’émissions dites “thématiques” laisse souvent beaucoup plus de chance d’être diffusé.

Je le vis à travers la séquence que je présente sur Classic 21. Je le vis même au carré. En effet, cette séquence, “Génération 21”, s’inscrit dans le cadre de l’émission “We Will Rock You” animée et programmée par Laurent Debeuf. Comme moi, Laurent reçoit régulièrement des sollicitations d’artistes pop/rock émergent·e·s, peu connus et à l’esprit DIY. L’un et l’autre essayons de tout écouter et de répondre à chaque artiste, groupe… fut-ce la réponse parfois négative. Quand les coups de coeur sont présents, et c’est fréquent, l’artiste a l’opportunité d’être diffusé plus ou moins rapidement.

 

Pierre Paulus, journaliste L’Avenir et Classic 21