.01 juin 2020
Par Catherine Grenier

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Confinement : la visibilité des artistes plus que jamais DIY ?

Deux mois de confinement, quelques jours de déconfinement et une seule certitude : il n’y a guère de possibilité de rencontrer un quelconque public avant longtemps. Nous ne pouvons qu’observer et nous adapter quel que soit le secteur d’activité. Le mois de mars gifla tout un secteur qui ne faisait que survivre, qui désormais se retrouve en état de mort clinique.
Mais pas que.

Pour les artistes, cette période est particulièrement propice à la création

Les artistes sont plus que prolifiques, iels composent, iels imaginent, iels créent. Mais créer pour soi n’est pas le but. En 2020 c’est la vidéo qui prime : on devient donc réalisateur·ice, scénariste, cameraman·woman, monteur·euse, cadreur·euse… Bon an mal an, chacun donne le maximum afin de proposer du contenu inédit et de qualité.

La fonction numéro un des réseaux sociaux fut dès lors réinvestie. Chacun·e en contact avec l’autre, virtuellement, mais c’est un contact. Ainsi, les premières semaines, les concerts confinés ont vu le jour un peu partout… avant de perdre tout intérêt.

Pourquoi ? L’expérience est frustrante et peu concluante. Un morceau, voire deux, pourquoi pas. Mais 30 à 45 minutes tout seul dans son salon face à une caméra statique n’est pas franchement le rêve de scène que l’on s’en fait. De l’autre côté de l’écran, le son n’est pas forcément bon, l’image bugge, on regarde distraitement, on mange peut-être… On s’adresse surtout à une fanbase déjà existante, et il est assez difficile de se démarquer des autres concerts confinés. Transposition des concerts « en vrai », quelque part.

En résumé : le développement de la présence en ligne n’est pas gagné malgré les nombreuses trouvailles (tutos, concours, photos, journal de bord, etc).

Quelles sont les questions à se poser ? 

Qu’est-ce qu’un contenu de qualité ? Comment émerger au milieu de dizaines de vidéos quotidiennes ? Quand et comment les poster ? Comment intéresser les médias, les playlists ? Comment avancer sur ce qu’on a déjà entamé comme travail au préalable ? Quelles sont les limites à poser avec sa vie privée (plus que jamais, on invite les gens chez soi) ?

Bref, comment développer sa fanbase et rester présent jusque fin août ? 

Le travail de communication ne s’improvise pas, tout simplement

Confinés ou non, on constate que les « règles » de l’extérieur ne sont finalement que transposées dans le monde virtuel. Les médias n’ont pas plus d’espace pour la culture, les journées ne comptent pas plus d’heures, il y a toujours autant de productions nationales et internationales de toutes sortes.
L’avantage est que tout le monde s’y est mis de bonne volonté… Là où certain·e·s, « avant », n’étaient guère enclins à « poster des trucs » ou à « comprendre comment ça marche ».

En conclusion : le travail et le plan de communication restent absolument essentiels en permanence. Personne ne se jette sur la première publication venue et heureusement pour vous ! Ce que vous faites est de qualité et se fera remarquer à force de travail. L’art et la manière de se mettre en scène nécessitent plusieurs intervenants. Cela démontre effectivement à quel point le travail d’artiste est un travail gigantesque. 

De cette période, il faut en tirer le bon : votre entourage professionnel ou celui que vous avez eu le temps de mettre en place vous dira toujours que tout est question de timing. Un album, un single, un clip, etc. sont des productions qui demandent du temps. Et le confinement (ou déconfinement), l’absence de festivals, les limitations de déplacements sont aussi une opportunité pour peaufiner vos projets. Pour faire des recherches sur comment travailler les réseaux sociaux, pour écrire une bonne bio… : ce temps vous permet de mettre tous les atouts de votre côté. Votre album sortira plus tard, à un moment plus opportun, avec plus de fans… Et surtout avec une actu qui n’est pas marquée sans cesse du mot « covid ».

Et après ? 

Il y a fort à penser que l’automne 2020 sera perturbé également. Ce que l’on retire de toute cette « expérience », c’est la grande capacité d’adaptation de tous·tes. Chacun aura la notion de présence en ligne à l’esprit, de manière moins rébarbative et comme un véritable défi à relever chaque jour.

Les initiatives de concerts mises en place par des organisateur·ice·s en échange d’une moindre somme sont sans doute les plus intéressantes, équitables et raisonnables pour chacun·e : la qualité, l’infrastructure, la rémunération, la programmation. La piste sera sans doute à conserver, même si rien ne remplacera jamais un vrai concert.

Cette capacité d’adaptation est probablement notre plus belle qualité, mais réfléchir à un modèle économiquement viable et respectueux du travail de chacun est tout aussi important. Nous devrons tous·tes veiller à travailler dans ce sens afin de permettre à la culture de vivre.