.30 mai 2020
Par Clément Larue

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Les résidences et les répétitions : oubliées du déconfinement ?

En cette période de déconfinement, le monde culturel trépigne d’impatience face au flou des mesures le concernant. La sphère musicale belge tente d’entrevoir un avenir pour les concerts… Elle qui semble désarmée face aux potentielles mesures à venir. Bien que le milieu des organisations ait déjà préparé des recommandations à l’intention des autorités belges, le Conseil National de Sécurité (CNS) n’a pas encore tranché la question de la relance des concerts. 

En attendant de renouer avec des prestations devant un public, les artistes se doivent pourtant d’entretenir leur activité en répétant ou en créant. Cette étape du processus musical doit pourtant se faire en groupe pour bon nombre d’entre eux. Surtout lorsqu’il s’agit d’une résidence : plusieurs jours de répétitions dans une salle de concerts, accompagnés par des technicien·ne·s et coachs pour les aspects scéniques. Ce besoin de la part de tous les acteurs du monde musical demeure incertain lui aussi. 

Sur son site Info-Coronavirus.be, le SPF Santé Publique ne communique que sur les domaines où des mesures ont été définies pour cette phase du déconfinement, le reste suppose être interdit. Un point est primordial : « tous les rassemblements sont interdits, excepté jusqu’à 4 personnes venant d’un autre foyer ». Mais dans un cadre professionnel, des regroupements sont autorisés afin de reprendre une activité économique. Alors dans un cas comme celui de résidences artistiques, des autorisations sont-elles déjà en vigueur ?  On peut déjà écarter les musicien·ne·s amateurs car iels seraient considérés comme effectuant une « activité récréative » qui n’est pas (encore) autorisée par le Conseil National de Sécurité (CNS). La distinction entre musicien·ne·s amateurs et professionnel·le·s doit être faite, or celle-ci n’est pas aisée : faut-il avoir un statut d’artiste ? est-ce qu’une activité complémentaire à la musique enraye un titre professionnel ? Etc.  

C’est donc ici qu’il faut se tourner vers la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), compétente en matière de culture. Le cabinet de la ministre Bénédicte Linard coupe court à nos interrogations : « Les résidences et répétitions (en groupe) sont interdites pour tout type d’artistes. Peu importe qu’iels soient professionnels ou non, ainsi que leur art ». L’ensemble des mesures de déconfinement doivent passer par une validation, et étant donné le nombre de mesures : cela prend du temps. On nous avoue que celle-ci n’est pas spécialement compliquée à mettre en place, mais le CNS a décidé de relancer d’autres activités culturelles (comme les musées ou expositions)dans un premier temps. Cependant, au cabinet on tempère sur le fait que chaque décision doit être avalisée par le CNS. Toujours selon la même source : « Des discussions sont en cours afin de donner un cadre à une potentielle reprise des répétitions et résidences d’artistes ». Dans un secteur au point mort, le moindre signe de vie est bon à prendre. 

Des mesures qui se font attendre

La perspective d’un concert ou d’une tournée à préparer avec une résidence paraît encore assez approximative. Pourtant la demande générale est là de la part des artistes, des accueillant·e·s et des accompagnant·e·s. Le besoin de répéter mérite un éclaircissement pour faire monter les décibels sans enfreindre des règles. Une reprise se ferait avant la fin de l’été selon Michaël Lariviere, directeur artistique et coach pour le Studio des Variétés Wallonie-Bruxelles. « Il est difficile pour nous, et nos salles partenaires, d’envisager une reprise sans l’annonce de mesures officielles », déplore-t-il. Le monde de la musique attend en retenant son souffle, ou plutôt en suffocant à en voir les actions et les messages qui se répètent. Du côté du Studio des Variétés, qui organise de nombreuses formes de coaching (scénique) pour les artistes de la FWB, on s’attend à : « Un automne assez calme en concerts, qui permettrait d’avantage de résidences suite à une plus grande disponibilité dans les salles ». 

Alors qu’on imagine difficilement de longues tournées se dérouler à travers l’Europe et ses salles de concerts cet automne, cette option aiderait à remplir le calendrier des salles, des technicien·ne·s et des coachs. Certes, moins profitable pour les artistes concernant la diffusion physique devant un public, mais une belle occasion de s’y préparer via l’encadrement des résidences. 

Cette alternative aux concerts peut rapidement contribuer à alimenter le secteur musical, mais encore faut-il un calendrier et des mesures afin de redémarrer la machine. Ministère de la Culture comme organisateur·ice·s de résidences s’accordent sur le fait que des répétitions et résidences ne sont pas d’un grand danger sanitaire, étant donné la mise en place et le respect assez simple des distances physiques. Le lundi 25 mai, le monde culturel arrivait finalement dans les discussions politiques pour plaider son envie de relance. Ce calendrier n’est pas encore souhaité afin d’éviter une remontée du virus dans la population. Les accompagnant·e·s de résidences espèrent toutefois accueillir à nouveau les artistes dans les prochaines semaines.