.25 août 2017
Par Didier Stiers

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Vendre sa musique en ligne

Selon les prévisions de PricewaterhouseCoopers, d’ici 2021, l’évolution des revenus musicaux sera marquée par une diminution progressive de ceux issus du téléchargement et une hausse spectaculaire des bénéfices tirés du streaming. Autant le dire : l’accès aux plateformes est crucial !

Bien souvent, pour l’artiste, ce que ça implique ne relève pas de son métier et tient même parfois du casse-tête chinois ! Mais les interlocuteur·ice·s dont c’est le core buisness existent. Prenons l’Américain CD Baby, par exemple : incontournable ! « Sell and stream your music on Spotify, Apple Music, iTunes, Amazon, YouTube, and 100+ other stores, dixit la brochure. The most trusted name in independent music distribution. »

Si un artiste du cru comme Uman a envoyé son dernier album en date chez CD Baby, histoire qu’iel vive sa vie partout dans le monde, on peut aussi tenter d’y arriver en gardant les deux pieds dans le terreau européen. Faisable ! Chez PIAS, notamment, où le département Artist & Label Services a été lancé en 2004. Ses partenaires, des labels tels que Fat Possum, 4AD, Warp Rough Trade Ninja Tune et XL Recordings, y trouvent une expertise en matière de vente et distribution, marketing, promotion, digital analytics, droits et exploitation du catalogue.

La technique et le reste

En Fédération Wallonie-Bruxelles, les opérateur·ice·s sont, il faut le reconnaître, assez peu nombreux. Et moins encore quand on ne considère que les productions indépendantes. C’est ce secteur-là qu’a investi Freaksville Music, l’un des trois pôles du label Freaksville Records lancé en 2006 par Benjamin Schoos (alias Miam Monster Miam) et Jacques Duvall. Ce service s’adresse aussi bien aux labels qu’aux artistes indépendant·e·s. Devise de la maison : « Distributing digital unexplored music. »

Cette distribution peut être numérique, sur les principales plateformes de téléchargement et de streaming, soit iTunes, Google Play, VirginMega, Amazon, Deezer, Spotify, Beatport et Shazam. Freaksville Music gère également la monétisation des clips et des chaînes artistes sur YouTube. Idem pour la distribution physique – ben oui, il est encore des fétichistes de l’objet « disque » -, assurée au Benelux via un réseau incluant les Fnac, Media Markt et Carrefour, des disquaires indépendants, des sites de vente en ligne (Amazon et Fnac) et un service d’export en Europe par pays.

« La diffusion a évolué, observe Benjamin Schoos. On a vu arriver de plus en plus d’artistes en autoproduction et des microlabels avec lesquels nous travaillons, comme Black Basset ou Luik Records. Iels n’ont peut-être pas le temps ou le savoir-faire et font alors appel à nos services pour la distribution. » Lesquels, précisément ? « Cela va jusqu’à l’encodage des métadatas, la vérification de toutes ces données, ce que ne font pas d’autres opérateur·ice·s, et une mise en route stratégique de la sortie. »

Des paquets de données

Métadatas, le mot est lâché ! Egalement essentielles, selon Philippe Astor, auteur d’un dossier intitulé « La gestion des droits de la musique fait sa révolution informatique », publié à Paris par l’IRMA, le Centre d’Information et de Ressources pour les Musiques Actuelles. « Les métadonnées éditoriales ou d’identification (d’une œuvre, d’un enregistrement, d’un·e artiste, d’un titre, d’un album, d’un·e auteur·ice, compositeur·ice, éditeurce, producteur·ice), constituent l’épine dorsale du corpus des métadonnées musicales. Ce sont elles qui permettent aux plateformes de musique en ligne d’établir des rapports réguliers de l’exploitation des œuvres. Elles servent également de référentiel pour tous les autres jeux de métadonnées de la musique, qu’elles soient culturelles (bio, discographie, genre, actualités, descriptions, critiques, tags, commentaires, etc.), acoustiques (beat, tempo, ambiance, pitch, instruments), techniques (formats de fichier et de données, taux de compression, codec, checksum, date) ou administratives (droits d’accès, de copie) »

Information et vérification sont au cœur du modèle Freaksville. « Une de nos missions est aussi d’encadrer, reprend Benjamin Schoos C’est beaucoup de référencement : bien taguer, bien réaliser les métadatas, faire prendre conscience qu’il existe beaucoup de sources de revenus liées à la distribution numérique… » A qui ? Généralement des artistes qui ont au moins franchi le cap de la production. Vous n’avez qu’une maquette ? Oubliez ! « Il faut quand même arriver avec un projet qui a un fini, du marché… Le but est d’entourer effectivement la plupart des productions alternatives et indépendantes en Fédération Wallonie-Bruxelles. »

Voilà deux ans que Freaksville Music tourne de manière optimale. Pour l’heure, de 25 à 30 productions sont distribuées chaque mois. Un cas concret pour conclure ? Celui de Fabrice Lig, tenez, le producteur de musique électronique : « Nous l’avons aidé à refaire son catalogue en ligne, les métadatas, réencoder les masters, leur redonner une nouvelle visibilité, une nouvelle forme. » Une affaire de savoir-faire, quoi…

Didier Stiers

Infos : www.freaksvillemusic.com