Études du CNM sur les musiques actuelles et l’économie des festivals en France pour l’année 2024

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Le Centre National de la Musique (CNM) publie ses études 2024 : quels enseignements pour le secteur des musiques actuelles et des festivals en France, en Wallonie et à Bruxelles ?

Présentation du Centre National de la Musique (CNM)

Le Centre National de la Musique (CNM) est un établissement public français créé en 2020, succédant au Centre National de la Chanson, des Variétés et du Jazz (CNV). Il soutient l’ensemble de la filière musicale et des variétés, de l’écriture à la diffusion, en passant par la production, l’édition et la promotion. Le CNM joue un rôle clé d’observation et d’analyse du secteur, publiant chaque année des études de référence sur la diffusion des spectacles et l’économie des festivals.

1. L’économie des festivals en 2024 : un modèle sous tension

Contexte et méthodologie

L’étude 2024 du CNM sur l’économie des festivals de musiques actuelles et de variétés s’appuie sur un panel de 107 festivals aidés par le CNM, représentant 46 % des festivals soutenus. Elle confirme la vitalité du secteur, mais aussi la fragilité croissante de son modèle économique, marquée par un « effet ciseaux » : les charges augmentent plus vite que les produits, et deux festivals sur trois terminent leur édition avec un déficit en 2024. Le déficit moyen a fortement progressé (+73 %), s’établissant à -115 675 €, tandis que le taux de remplissage moyen baisse à 77 % (-3 points par rapport à 2023).

Chiffres clés 2024

  • Budget moyen : 1,6 M€ (+6 % vs. 2023), budget médian à 557 K€ (+14 %).
  • Fréquentation : Capacité d’accueil moyenne en hausse (29 400 spectateurs, +2 %), mais fréquentation stable (22 200 billets délivrés), induisant un taux de remplissage en baisse.
  • Recettes propres : Elles représentent 67 % des produits, avec une croissance de 3 %, principalement grâce à la billetterie.
  • Subventions et aides : Leur part s’élève à 17 % des produits (+5 %), avec une hausse notable des aides du CNM (+13 %) et des collectivités territoriales (+5 %).
  • Défis économiques : 68 % des festivals dont le taux de remplissage est supérieur à 90 % sont déficitaires en 2024, une proportion en forte hausse (+26 points vs. 2023). Les coûts d’achat des spectacles (contrats de cession, salaires des équipes techniques) ont augmenté de 9 %, tandis que le nombre de formations artistiques programmées n’a progressé que de 2 %.

Diversité de la programmation et parité

  • Esthétiques musicales : 50 % des festivals proposent des musiques actuelles sans distinction, suivies par le jazz (16 %), les musiques électroniques (11 %) et les musiques traditionnelles (9 %).
  • Parité : 33 % des formations artistiques sont menées exclusivement par une femme (+2 points vs. 2023), et 27 % des personnes musiciennes sont des femmes (stable).

Impact des aléas climatiques et des Jeux Olympiques

Les aléas climatiques (pluies, orages, fortes chaleurs) ont affecté un tiers des festivals en 2024, causant des annulations et des surcoûts. L’impact des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 sur les calendriers s’est avéré limité, mais a contribué à une contraction de l’offre festivalière (-5 % de festivals payants, -17 % de représentations payantes).

2. La diffusion des spectacles en 2024 : croissance globale, mais contrastes

Chiffres clés 2024

  • Recettes de billetterie : Le secteur du live affiche un nouveau record avec 1,6 milliard d’euros HT (+13 % vs. 2023), porté par une fréquentation totale de 37,9 millions de spectateurs (+2 %).
  • Diversité de la programmation : L’humour domine (29 % des représentations), suivi par le jazz/blues (12 %), le rock/metal (10 %) et la variété/pop (9 %). Les formations artistiques francophones restent majoritaires (49 %), une part qui baisse à 42 % en contexte festivalier.
  • Prix moyen du billet : 40 € (+5 %), reflétant une volonté de maintenir l’accessibilité malgré l’inflation des coûts.

Tendances par catégorie

  • Les salles de spectacle vivant spécialisées connaissent une hausse de leur fréquentation (+2 %) et de leurs recettes de billetterie (+4 %).
  • Les lieux de plein air et chapiteaux enregistrent une forte croissance (fréquentation : +28 % ; recettes : +438 %).
  • Les festivals peinent à atteindre l’équilibre budgétaire, malgré une fréquentation et des recettes de billetterie en hausse.

3. Pourquoi ces chiffres intéressent-ils la Wallonie et Bruxelles ?

Comparaisons et inspirations

Ces études offrent un éclairage précieux pour les acteurs du secteur en Fédération Wallonie-Bruxelles :

  • Modèles économiques : La fragilité des festivals français, même avec un taux de remplissage élevé, interroge la soutenabilité des modèles reposant sur des recettes propres et des subventions. En Wallonie et à Bruxelles, où les festivals bénéficient aussi de soutiens publics, ces données peuvent nourrir la réflexion sur l’équilibre entre accessibilité, diversité et viabilité économique.
  • Diversité et parité : Les efforts en matière de parité et de diversité artistique en France peuvent inspirer des initiatives similaires en Belgique.
  • Adaptation aux aléas : La gestion des risques climatiques et la résilience des modèles économiques sont des enjeux partagés, notamment pour les festivals en plein air.

Perspectives pour les politiques culturelles

Les défis identifiés (hausse des coûts, dépendance aux subventions, adaptation aux changements climatiques) appellent à une réflexion stratégique sur :

  • Le renforcement des partenariats publics-privés.
  • L’innovation dans les modèles de financement et de production.
  • La structuration de l’offre et l’accompagnement des petits et moyens festivals, particulièrement vulnérables.

4. Pour en savoir plus

Découvrir les études du CNM

20 août 2025

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Florence Delporte

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