Combien coûte un concert ? Analyse des budgets-type dans les salles FW-B.

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Dans l’univers foisonnant de la musique live en Fédération Wallonie-Bruxelles, les salles de concert jouent un rôle central, orchestrant l’alchimie complexe entre artistes, publics et contraintes économiques. Pour ces lieux dédiés à la diffusion musicale, l’organisation de concerts se révèle être un exercice d’équilibriste, cherchant constamment à concilier viabilité financière et qualité de l’accueil offert, tant aux artistes – avec une attention particulière pour les talents locaux – qu’aux spectateurs. Cette tension entre économie et expérience culturelle pose un défi de taille : comment garantir la pérennité de ces espaces de rencontre et de création, tout en soutenant activement l’écosystème musical local ?

L’analyse des budgets types pour des salles de concert met en lumière cette dynamique complexe. En moyenne, les dépenses s’articulent autour de postes clés tels que les cachets artistiques, la sécurité, la technique, le catering, et les frais de communication, chaque catégorie devant être minutieusement évaluée pour ne pas compromettre la qualité de l’événement.

Les budgets révélés, oscillant en général entre 3800 € et 5370€ pour des événements standards, illustrent bien les défis financiers inhérents à l’organisation de concerts. Si les grandes lignes budgétaires restent similaires, la flexibilité et l’adaptabilité s’avèrent cruciales, notamment pour intégrer les artistes locaux dont les besoins et les cachets peuvent varier considérablement. Ce soutien aux talents de la région est à la fois une mission culturelle et un pari sur l’avenir, enrichissant le paysage musical local tout en attirant un public diversifié.

Budget Belvédère
Budget type Belvédère

Pour un concert au Belvédère par exemple, salle de 220 places, il faudra donc une rentrée nette par personne d’un peu plus de 17€ dans le cas d’un soldout pour atteindre le break even (équilibre financier). Seulement, dans la pratique, les concerts attirent en moyenne un public de 100 personnes avec une dépense de 25€ par personne. On arrive donc à un bilan de -1300€ par évènement.

Budget type Rockerill

Au Rockerill, les chiffres sont relativement similaires. Également au niveau de la part de budget artistique. On note tout de même des charges plus élevées. Avec un soldout il faudrait une rentrée nette de 18,8€ par personne. En considérant une moyenne de fréquentation de 125 personnes par évènement, et une dépense de 25€ par personne, on arrive à un bilan de -1595€.

Budget type Rotonde

La salle de la rotonde au Botanique présente un nouveau cas de figure. Avec des charges d’ouverture plus élevées. Notamment au niveau de la communication, des techniciens et du catering. Ces charges plus élevées garantissent de bonnes conditions d’accueil pour les artistes mais aussi une fréquentation constante sur les concerts avec des moyens suffisants pour assurer la communication.

La gestion de ces budgets nécessite donc une stratégie réfléchie, où chaque décision a un impact direct sur la réussite de l’événement et sur l’écosystème musical dans son ensemble. Les salles de concerts, en tant que catalyseurs de la culture musicale, doivent naviguer dans cet environnement complexe avec de la prudence et de la créativité, afin de continuer à offrir des expériences mémorables tout en assurant leur propre pérennité.

Notre étude sur les lieux de concerts met en lumière une facette cruciale et trop souvent omise : l’élément humain et social. Ces espaces, pierres angulaires de la vie culturelle, s’appuient fortement sur l’engagement des bénévoles. Même si le nombre de visiteurs fluctue, la charge de travail reste constante. Prenons l’exemple du Belvédère, un lieu qui accueille entre 10 et 20 événements par mois et repose sur les épaules d’une seule employée. Cette employée assume non seulement la coordination administrative et la comptabilité, mais aussi la communication, la gestion des bénévoles et parfois même l’entretien du bâtiment. Cette situation révèle les pressions continues et les défis rencontrés par les personnes travaillant dans ces institutions.

En conclusion, il apparaît indispensable de souligner que les recettes issues de la billetterie dans les lieux soutenant l’émergence artistique ne parviennent généralement pas à compenser la totalité des frais occasionnés par l’organisation de ces événements. De ce fait, il est crucial non seulement de préserver, mais aussi d’enrichir les conditions de travail de l’ensemble des intervenants de la chaîne de l’organisation de concerts. Par ailleurs, il est tout aussi essentiel d’établir des standards d’accueil professionnels et adaptés dans nos salles de concert. Ces démarches sont vitales pour stimuler le développement artistique de notre territoire et garantir la viabilité de nos lieux de musique. En soutenant à la fois ceux qui travaillent en coulisses tout autant que ceux qui montent sur scène, nous forgeons un environnement où l’art et la culture peuvent réellement prospérer.

24 avril 2024

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Stanislas Levacq

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