Les festivals se définissent de plus en plus par rapport à leurs initiatives éco-responsables. Passés le phénomène de mode et le greenwashing, la transition écologique est devenue un aspect incontournable de l’organisation d’un événement musical.
En 2010, Court-Circuit posait les bases du réseau apprenant « Vers une gestion durable des festivals ». Une trentaine d’opérateur·ice·s belges francophones (festivals, salles de concerts, maisons de jeunes, centres culturels, administrations communales…) étaient rassemblés pour la première fois autour de cette thématique tandis que la FMIV (Fédération des Festivals Flamands) menait l’opération en parallèle au nord du pays.
Concrètement le dispositif, financé par le ministre fédéral du développement durable, consistait à mettre en place des journées de formation à destination des organisateur·rice·s durant lesquelles des consultant·e·s et expert·e·s extérieur·e·s venaient échanger avec les participant·e·s.
Les principaux thèmes abordés étaient : la mise en réseau des opérateur·rice·s conscientisé·e·s, la gestion des déchets, l’accessibilité aux publics, les transports en commun, la réduction du bilan carbone, le mécénat et les sponsors, la prévention des risques, la diversité, le bénévolat ainsi que les outils de communication. Après cet apprentissage collectif, une plateforme fut créée et les participant·e·s mirent leurs connaissances en pratique (mutualisation de matériel commun, consultance sur les sites, etc.).
Dix ans plus tard, plus aucun·e organisateur·rice de concerts ou de festivals n’est censé·e ignorer les grands principes du développement durable. Tous les niveaux de pouvoir et toutes les tendances politiques ont bien intégré la nécessité d’accompagner les organisations d’événements dans une démarche durable. En Wallonie, le dispositif Wallonie#Demain rassemble 16 festivals, dont plusieurs membres de Court-Circuit, autour d’engagements visant une meilleure gestion des événements musicaux. En Région bruxelloise, la charte éco-événement s’adresse à tout type d’organisation qui souhaite s’engager en respectant les principes énumérés (voir encadré).
Tout le monde a compris que le développement durable ne se limite pas à la diminution des déchets mais englobe beaucoup d’autres choses, notamment des actions de sensibilisation et d’information concernant l’alimentation, les transports et nos modes de consommation afin que le comportement des festivalier·ière·s perdure au-delà de l’événement.
Mais les bonnes réponses aux problèmes écologiques ne sont pas toujours les mêmes pour toutes les organisations. Par exemple, le gobelet à usage multiple en plastique dur incarne l’alternative écologique par excellence. Ce n’est pas forcément le cas. Le nettoyage du gobelet réutilisable implique souvent de longs trajets vers les machines à laver, parfois dans des camions très polluants, et ce n’est donc pas la meilleure solution pour une organisation qui se trouverait éloignée d’un point de dépôt. Les gobelets en fibre de maïs à usage unique sont biodégradables et constituent une autre possibilité. Il est donc nécessaire d’informer le public et ne pas le laisser se fier aux apparences.
Au fil des ans, se positionner en tant que festival éco-responsable durable n’est plus un argument marketing mais est devenu une norme bien ancrée auprès des organisateur·rice·s et des spectateur·rice·s. L’événement qui se fait remarquer est clairement celui qui n’applique aucun principe reconnu par les chartes en vigueur.
Et les petits lieux dans tout ça ? Si les médias persistent à mettre en avant l’éco-responsabilité des festivals, cela veut-il dire que les autres types d’organisations de concerts ne le sont pas ? Pas forcément, mais contrairement aux événements de masse, les petits concerts sont, de par leur nature même, moins énergivores : peu ou moins de déplacements (artistes locaux, publics locaux), un nombre réduit de déchets (utilisation de verres… en verre), des boissons locales favorisant les circuits courts… Autant d’alternatives qui contribuent à limiter l’empreinte carbone liée à l’organisation de tout type de festivités musicales.
En Wallonie
La charte Wallonie#Demain se décline en 4 grandes thématiques : 1/ L’éducation à l’environnement et à la gestion des déchets, avec notamment le tri des déchets, l’utilisation de gobelets réutilisables et la sensibilisation du public. 2/ Le développement durable, avec l’utilisation de matériaux recyclables. 3/ La mobilité, avec la promotion du co-voiturage et de la mobilité douce. 4/ L’alimentation durable, avec la promotion des circuits courts et des producteur·rice·s bios locaux·ales.
+++ www.walloniepluspropre.be
(Festivals Wallonie#Demain)
A Bruxelles
La charte « éco-événement » demande : 1/ d’être proactif·ive dans la préservation de l’environnement en veillant à la prévention des déchets. 2/ de stimuler une économie éthique, locale et solidaire. 3/ de favoriser une cohésion sociale, en assurant l’accessibilité à tou·te·s.
+++ www.environnement.brussels
(La charte éco-événement)
Zero Waste Belgium, une autre alternative
Zero Waste Belgium est une asbl qui sensibilise aux problématiques liées aux déchets et au gaspillage en Belgique. Parmi ses actions, l’association propose un accompagnement aux organisateur·rice·s d’événements pour améliorer leur impact écologique. L’accompagnement est réalisé à la carte en fonction des besoins et des alternatives déjà mise en place par les organisations.
En proposant une analyse de situation en amont, une mise en relation avec les partenaires adéquats, de la sensibilisation sur place, un audit et/ou un diagnostic réalisé pendant l’évènement, ainsi qu’un rapport d’évaluation, Zero Waste Belgium favorise une collaboration sur le long terme afin d’aider les organisations d’évènements à s’améliorer à leur rythme.