Organisés par des organismes culturels, des festivals ou des médias, les concours mettant en lice des artistes émergent·e·s s’imposent comme des accélérateurs de carrière. Témoignages.
Lauréat du Tremplin du Dour Festival en juin 2016, Glass Museum remporte la même année quatorze prix au Concours Circuit. Deux ans plus tard, le jeune duo tournaisien publie son premier album « DEUX » et suscite un engouement sans précédent. «Sans ces deux événements, nous ne serions sans doute pas arrivés à tel résultat aujourd’hui . Dès le départ, nous étions conscients qu’en proposant une formule instrumentale piano/batterie, Glass Museum n’allait s’adresser qu’à une niche », expliquent Martin Grégoire et Antoine Flipo. «Mais grâce au Tremplin du Dour Festival et au Concours Circuit, nous avons été invités très vite à nous produire dans de gros festivals devant des professionnel·le·s et une assistance bien plus large que nous ne l’imaginions. C’est lors de notre passage au Dour Festival que nous avons aussi rencontré Maxime Lhussier, cheville ouvrière du label JauneOrange chez qui Glass Museum est signé. L’apport financier du Concours Circuit a été, pour sa part, investi dans la confection de notre premier EP. Avec le recul, on se dit que les conditions étaient idéales. Nous avons pu faire découvrir notre projet en live tout en nous donnant le temps et les moyens d’enregistrer notre disque dans les meilleures conditions. »
L’exemple de Glass Museum n’est pas isolé. D’Atome, récent lauréat du Concours F. Dans Le Texte, au vétéran Sharko, vainqueur de la première édition du Concours Circuit qui s’est déroulée en 1997, en passant par Ghinzu révélé aux médias avec feu La Boutique Rock (ancêtre du Propulse), RIVE ou encore Alaska Gold Rush, on ne compte plus les artistes issus de la Fédération Bruxelles-Wallonie qui ont vu leur carrière boostée grâce à ces joutes musicales. Si le principe du « crochet » remonte aux années 60 (Adamo et Johnny ont aussi commencé de cette manière), les initiatives mises en place aujourd’hui sont particulièrement adaptées aux nouvelles tendances d’un marché où le succès et la reconnaissance doivent se dessiner très tôt en amont d’une sortie discographique. « Avant de démarcher les maisons de disques, nous avons posé notre candidature au Tremplin du Verdur Rock, à Concours Circuit et au Concours Jonge Wolven », rappellent ainsi Renaud Ledru et Alexandre de Bueger, le binôme qui forme Alaska Gold Rush. « Ces trois expériences ont servi incontestablement d’accélérateurs à notre projet. Notre participation au Concours Circuit nous a permis notamment de gagner des prix financiers. On a pu investir dans de la promotion en prenant un attaché de presse indépendant qui nous a aidés à nous faire connaître. Du jour au lendemain, Alaska Gold Rush s’est professionnalisé.»
Elargir son audience
Manon De Carvalho Coomans, alias Noa Moon, était encore aux études lorsqu’elle a participé à Propulse en 2012. « On ne gagne pas de prix au Propulse, mais le concert que j’ai donné m’a permis de bénéficier plus rapidement d’une visibilité dans le milieu musical, que ce soit du côté des professionnel·le·s et du public. Je ne sais pas s’il y a un bon moment pour participer à ce genre de tremplin. Mais pour moi ce fut incontestablement une étape importante comme le sont aussi les passages en radio et les festivals qui donnent l’opportunité d’élargir son audience. C’est le mélange de tous ces éléments qui ont fait avancer mon projet », analyse celle qui a été consacrée Artiste féminine de l’année lors de la dernière édition des D6bels Music Awards. Comme Noa Moon et sans volonté de cracher dans la soupe, le duo Alaska Gold Rush est d’avis que la promotion d’un tremplin pourrait encore être optimalisée. «Le plus souvent, il y a un communiqué de presse qui annonce le concours et un autre qui donne la liste des lauréats. Certains tremplins ont plus d’impact que d’autres. Il ne faut pas foncer tête baissée et jouer dans n’importe quel concours. Nous, on a eu le flair de taper juste. Encore aujourd’hui, on nous parle de notre passage au Concours Circuit.»
En 2016, RIVE participe à la fois au concours F. Dans le Texte et au tremplin des Franc’Off des Francofolies. Une double décision judicieuse. Juliette et Kévin repartent du F. Dans le Texte avec douze récompenses et décrochent le Premier Prix aux Francos. «Sans la moindre référence discographique à notre actif, nous avons gagné des programmations dans des festivals renommés comme le Brussels Summer Festival, les Aralunaires, les Francos ou le LaSemo. Toutes ces dates ont déclenché une sorte de cercle virtueux pour RIVE, analyse la chanteuse/guitariste Juliette. «Quand tu restes dans la bulle de ton home-studio et que tu bosses sur des compositions, c’est rassurant de savoir que tu vas jouer l’été suivant dans des gros festivals. Doutes ou pas, il y a des rendez-vous à l’horizon et il faut être prêt·e. Plus que de la pression, ça nous a mis en confiance. Nous sentions que les choses avançaient. Du coup, quand notre premier EP « Vermillon » est sorti, la promotion s’est faite plus rapidement. Les médias avaient déjà entendu parler de nous et le bouche à oreille a bien fonctionné. Si c’était à refaire, nous recommencerions de la même manière. »
Luc Lorfèvre