Crédits photo : Olivier Rinchard
Les concerts en salle ont pu reprendre en septembre suite à l’assouplissement des mesures Covid en Belgique. Mais avec l’instauration quasi systématique du Covid Safe Ticket dans de nombreux endroits, il est bon de se demander comment se vit le retour du public dans ces lieux dédiés aux concerts.
Après l’été, après les évènements tests et évènements en extérieur, voici que les salles de concert reprennent vie en accueillant artistes et spectateur·ice·s. Enfin cette reprise tant attendue grâce à un assouplissement général des mesures. Mais un assouplissement qui laisse place à pléthore de mesures localisées ou régionalisées (en plus du fédéral).
Afin de savoir comment se passe cette reprise, il est nécessaire de questionner plusieurs salles avec une localisation différente. Sous-entendu donc, avec des mesures sanitaires différentes et qui diffèrent encore selon les jauges propres à chaque salle.
La part belle aux moyennes et grandes salles ?
Pour des lieux ayant déjà une certaine capacité, comme le Reflektor à Liège, la question d’appliquer ou non le Covid SafeTicket (CST) dès septembre ne se posait pas ; étant donné sa jauge de 500 qui dépassait le seuil maximum afin de se passer du CST. Le programme n’a pas dû être adapté, seul un second agent de sécurité doit être présent en permanence. Bien que celui-ci était déjà présent lors de dates complètes, ce qui n’alourdi pas systématiquement le budget d’une soirée au Reflektor. La seule chose qui change pour Jean-Yves Reumont, le programmateur, c’est l’affluence en fonction des styles musicaux : « Il y a une forte demande de retour aux soirées et fêtes de la part du public électro et rap. En revanche côté pop-rock le public se fait encore timide, on sent qu’il vient avec hésitation et pour un artiste bien spécifique et pas pour la soirée ou le genre en lui-même ».
Pour le Magasin4, qui peut accueillir une centaine de spectateurs et spectatrices en moins que le Reflektor, le choix du CST fut plus cornélien. Dans ce dilemme de l’appliquer ou non, l’organisation a été forcée à s’y résoudre suite aux avis donnés par la ville de Bruxelles. « Avec notre superficie, toilettes à sens unique, ventilation etc. Nous ne pouvons accueillir que 80 personnes en nous passant du CST, ce qui rend irréalisable la production de tous nos concerts », explique l’un des programmateurs de la salle, Thomas Libert. Alors pour reprendre ses activités et vivre une dernière année à l’Avenue du Port, le Magasin4 s’est résigné à mettre en place des concerts sous CST.
Comme conséquence, on retrouve ici aussi une légère augmentation des frais avec la nécessité d’avoir second agent de sécurité systématiquement. Mais on note surtout une baisse de la fréquentation « d’environ 20 à 30% ». Pourtant Thomas Libert se réjouit tout autant que le public, qui, selon lui « est vraiment heureux de revenir au Magasin4 et cela se ressent dans l’ambiance chez les gens présents aux concerts ».
Alors on tente de miser sur des gros noms ou des coproductions pour être certain d’avoir une bonne affluence, même si la programmation (toujours très alternative et typée rock dur) est plus locale en raison d’un nombre toujours faible de tournées internationales. Et cette nuance entre les programmations pourrait bien être l’un des facteurs qui explique cette diminution des tickets vendus, lorsque l’on compare les affiches du Reflektor avec celles du Magasin4. Mais alors, est-ce qu’une programmation alternative sans CST fonctionne à merveille ?
Le désarroi des petites jauges avec le CST
Des petites salles wallonnes comme le Belvédère à Namur ou le Rockerill à Charleroi sont parvenues à éviter le CST en réduisant leur jauge ou en gardant l’accent sur les petits concerts. Cependant les résultats obtenus sont aussi assez hétérogènes sur ce point. Pour la salle namuroise l’affluence n’est plus la même : « On doit faire une promo de dingue pour parvenir à remplir au moins la moitié de notre jauge. Alors qu’on a une belle programmation variée pour cette saison en plus », se désole Anne-Lise Rigole.
Tandis que du côté de Charleroi on tient des complets ou presque à la chaine, comme l’explique le coordinateur du Rockerill, Mika Hell : « On fait des petites jauges de 150-200 personnes mais peu importe le style – bien que assez rock – le public a répondu présent. Surtout avec les quelques festivals qui se sont déroulés, avec ou sans CST en fonction des capacités prévues pour ceux-ci ».
Et pour cet « après 1er novembre » et entrée en vigueur d’un Covid Safe Ticket d’application dès 50 personnes en intérieur (et 200 en extérieur), le Rockerill observe des ventes plus timides de ses tickets pour les concerts à venir. « De toute façon, le public devra bien finir par s’adapter aux mesures », poursuit Mika Hell qui annonce aussi que les personnes non-vaccinées pourront payer un test à l’entrée de la salle. La salle carolo espère tout de même des sursauts de vente en dernière minute, ou même des personnes venant spontanément lors des soirées.
L’obligation du Covid Safe Ticket semble bel et bien avoir une incidence sur la motivation du public avec des genres musicaux et public typés vers l’alternatif et le rock ; alors que des courants musicaux ayant le vent en poupe n’ont pas l’air d’en souffrir. Cette conclusion ne peut se vérifier que pendant cette période d’instauration, reste à voir si une hausse de la fréquentation de lieux comme le Belvédère ou le Magasin4 va s’opérer dans une second temps.