Comment trouver des subsides pour mon évènement musical ?
En Fédération Wallonie-Bruxelles, les politiques culturelles concernant les musiques actuelles sont principalement mises en œuvre par ce même niveau de pouvoir. Celles-ci visent à soutenir, promouvoir, développer et professionnaliser la scène musicale dans toute sa diversité. Elles s’adressent soit directement aux artistes soit aux lieux et aux organisations de concerts reconnus.
Ces décrets s’axent autour de plusieurs concepts, dont la diversité culturelle et le droit culturel. Ils définissent les missions transversales auxquelles les aides attribuées sont destinées. En tant qu’organisateur·rice, vous serez donc, d’une manière où d’une autre, amené·e à contribuer aux missions d’un niveau de pouvoir si vous voulez bénéficier d’une aide financière de celui-ci.
En Fédération Wallonie-Bruxelles, le niveau communautaire donc, voici quelques-unes des missions que l’organisme finance :
Programmation locale
Un des premiers axes est la diffusion d’artistes originaires du territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cela contribue à la promotion de la scène musicale régionale et pourquoi pas par la suite à l’international. Ces aides à la diffusion sont généralement octroyées par la fédération, mais parfois également par les provinces. On les retrouve notamment dans le programme art et vie qui soutient la programmation de certains lieux reconnus.
Diversité culturelle
Les politiques culturelles visent à promouvoir la diversité culturelle et la pluralité des expressions musicales. Les projets musicaux les plus singuliers sont parfois privilégiés en raison de leur approche originale unique. Cette pluralité est vue comme une force dans notre paysage musical en réaction à la tendance d’uniformisation de culture et sa massification.
Souvent, les organisations et les lieux ont d’ailleurs un rôle à jouer qui dépasse la diffusion d’artistes. Un échange avec les publics est donc nécessaire pour garder en ligne de mire quelle est la réalité territoriale d’un lieu et à quoi sa programmation vient répondre. À ce titre, les centres culturels viennent répondre à un besoin particulier par leur ancrage territorial culturel historique ainsi que les échanges permanents qu’ils ont avec leurs publics. Ces lieux sont multidisciplinaires et pas spécialement consacrés uniquement aux musiques actuelles. D’autres lieux et organisations de concerts viennent donc répondre à un autre besoin et une autre réalité qui est parfois plus proche de l’économie concurrentielle par ses financements généralement moindres.
Nadine Nicolas de la salle de L’An Vert à Liège illustre néanmoins la complémentarité de ces différents lieux de concerts :
Il y a de plus en plus de musiciens, il y a de plus en plus de projets, il y a de plus en plus de gens qui cherchent à jouer et finalement il n’y a que peu de lieux pour les accueillir. Il y de très bons musiciens qui lorsqu’ils démarrent ne peuvent pas remplir une grande salle. C’est donc vital pour les petites salles comme la nôtre d’exister pour continuer à faire émerger ses projets.
Accessibilité
Les politiques culturelles encouragent l’accessibilité à la musique en favorisant des prix de billets abordables et en garantissant l’accessibilité aux publics fragilisés (Article 27) ou isolés géographiquement.
Diane Dernouchamps de la direction générale de la culture à la Fédération Wallonie-Bruxelles détaille à ce propos :
Un des critères qui a été pris en compte dans la lecture des demandes de subsides l’année passée, c’est celui de la localisation. Nous essayons de faire un état des lieux des provinces les mieux dotées et celles qui le sont moins de manière qu’il n’y ait pas de no man’s land culturel.
Professionnalisation
Enfin, ces soutiens financiers viennent également soutenir un secteur qui se doit d’être concurrentiel pour garder son identité régionale et favoriser l’émergence d’artistes qui feront rayonner le territoire dont iels sont issu·es. Permettre une juste rémunération des équipes qui accueillent est une étape nécessaire qui oeuvre pour beaucoup dans ce processus. Un lieu soutenu se doit donc d’être professionnel dans ses conditions de travail, dans sa gouvernance, dans son positionnement envers l’égalité et l’inclusivité, dans ses comptes, mais aussi dans la manière dont sa programmation est établie. Les salles du réseau Club Plasma répondent à ces critères et à ses missions de professionnalisation, de diffusion et d’émergence.
En tant que pouvoir public une de nos missions par rapport à la musique est de veiller à ce que tous les filons, les métiers soient aidés dans cette démarche de diffusion. Dans ce processus qui va de l’artiste au public. Il faut aider l’artiste dans sa création, mais également les métiers intermédiaires du secteur qui permettent à la musique d’arriver dans les oreilles du public. Dans ces critères, il faut par ailleurs prendre en compte que ces créations doivent arriver aux oreilles du public puisque les soutiens que nous octroyons sont de l’argent public.
Diane Dernouchamps
Et pour accueillir ces publics et ces artistes, des moyens doivent également être alloués aux équipes permanentes. C’est généralement avec les aides pluriannuelles comme les contrats-programmes que la Fédération soutient la professionnalisation de ces lieux.
Nous essayons de fournir un cachet minimum garanti pour les musiciens pour que cela reste juste dans le travail qu’ils fournissent. Cependant notre équipe sur le lieu est payée au salaire minimum et fournit un travail considérable pour accueillir dans de bonnes conditions les artistes. Nous avons de multiples casquettes constamment. Après la pandémie, nous avons pu payer plus justement les artistes avec certains des subsides reçus à ce moment-là. Néanmoins à notre dernière AG nous avons bien vu que si nous continuons comme ça nous mettrons la clé sous la porte dans quelques mois. Le prochain contrat-programme va nous faire savoir si nous pouvons continuer à travailler de cette manière même si la corde est déjà bien tendue en termes de travail pour notre équipe.
Nadine Nicolas
Pour autant que cela soit représentatif et pertinent dans la démarche culturelle, le principal pouvoir public pouvant soutenir l’organisation d’un concert ou d’un lieu accueillant des concerts est donc la Fédération Wallonie-Bruxelles. Citons quelques-uns de ses moyens de financer un évènement musical :
- Le dispositif art et vie (attention ce dispositif est en réforme et devrait se présenter sous une nouvelles forme dans les mois à venir)
- Les aides aux projets de structures de programmation
- Les appels à projets ponctuels (Fête de la FWB, les fêtes de la musique…)
Il existe également les aides pluriannuelles (contrats-programmes, contrats de diffusion) pour les structures d’organisations déjà un peu plus établies.
Viennent ensuite les provinces (aide à l’organisation d’évènement), les communes (soutiens aux initiatives locales) et les régions (avec des thématiques comme le tourisme, l’emploi) qui peuvent également fournir une aide à ce type de projet. Attention que le budget alloué à ce poste varie en fonction des provinces et des communes et n’est généralement pas connu.
Financer un évènement musical avec des subsides permet donc généralement d’accueillir les artistes dans de bonnes conditions tout en oxygénant un budget parfois serré. Cependant, même si ces évènements sont portés par des équipes de passionné·es avant tout, gardons en tête que la culture et la musique ont un coût et qu’il est sain pour la scène que le public participe directement à la soutenir. Cette question de la gratuité n’est pas neuve et replonger dans cette publication de Culture & Démocratie nous le rappelle certainement.
N’oubliez pas de vous tenir à jour en gardant un œil sur la section aides et soutiens de nos ressources.