Lors de l’organisation d’un concert , le public voit la scène, entend le son, ressent la lumière — mais rarement ce qui les rend possible. Derrière chaque moment fort d’un live se cache un travail minutieux mené par des équipes techniques spécialisées. Sélectionner les bons prestataires n’est pas qu’une question de budget ou de matériel : c’est une affaire de confiance, d’expérience et de cohérence avec les réalités du lieu.
Dans cet article, nous passons en revue les critères essentiels pour bien choisir ses prestataires son, lumière et scène. Nous intégrons également les retours de terrain de Benoît Dagnelie, ingénieur du son expérimenté, pour éclairer de manière concrète les enjeux auxquels font face les organisateur·rices.
1. Sélectionner et coordonner une équipe technique
Le choix des prestataires techniques est déterminant pour assurer la qualité sonore, visuelle et scénique d’un événement. Cette étape doit être encadrée par des professionnel·les expérimenté·es, capables de tenir compte des spécificités du lieu et de faire preuve de réactivité face aux imprévus.
La première démarche consiste à rédiger un cahier des charges précis, détaillant les besoins techniques ainsi que le planning de l’événement. Ces informations sont essentielles pour permettre au prestataire d’élaborer un devis adapté.
La première étape lorsqu’une organisation me contacte pour m’occuper de la technique sur un événement va être de rassembler les informations suivantes :
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- Dans un premier temps l’affiche (programmation) et s’il y a déjà les fiches technique des artistes.
- La taille de l’audience et la jauge. Donc la surface à sonoriser et le nombre de participant·es.
- Un plan des espaces à sécuriser et des espaces d’accès pour l’acheminement du matériel, le stockage et les accès backstage.
Avec cette base on peut déjà établir une estimation de prix. En fonction du budget de l’organisation, sur la partie son on a peu de marge de manœuvre si on veut remplir les conditions technique d’accueil du public et des artistes. On pourra toujours choisir une marque moins chère mais il faut dans tout les cas atteindre les spécificités techniques nécessaires pour que l’événement ai lieu. Par contre sur la partie lumière on peut adapter le show en fonction du budget.
La qualité du son a un prix, c’est certain. Mais c’est également le prix pour avoir l’assurance d’un son de qualité. L’accès à la profession n’est pas réglementé en Belgique et on peut tomber sur tout et n’importe quoi si l’on n’a pas de références pour ces prestataires. En Belgique on est bien servi et ce même au niveau local avec des boîtes sérieuses et des technicien·nes d’expérience très compétent·es.
Les points d’attention ne se limitent pas aux aspects financiers. Confier la gestion technique à une équipe professionnelle constitue un véritable gage de réussite pour tout événement. Cette sérénité a un coût, mais elle garantit une expérience de qualité pour le public comme pour les artistes.
Il est également essentiel de rappeler qu’une forte puissance sonore ne signifie en rien une meilleure qualité. Un bon rendu sonore repose sur un réglage sur mesure, adapté à l’acoustique du lieu. Dans de nombreux cas, un volume bien calibré permet à la fois une écoute claire de chaque instrument et la possibilité de maintenir une conversation entre les participant·es — preuve que la bande de fréquence utilisée respecte l’espace et ses usages.
Cela suppose non seulement du matériel de qualité, mais aussi un savoir-faire technique précis. Des pratiques comme l’usage de fichiers audio compressés (comme le format MP3) peut entraîner une fatigue auditive importante, voire des dommages irréversibles s’ils sont couplés à des volumes trop élevés.
La qualité des systèmes son est telle qu’aujourd’hui, on arrive à avoir une couverture homogène sur toute les zones à sonoriser. Avec un spectre de fréquence mal réparti et, notamment sur les fréquences les plus sensibles à l’oreille humaine, on a une impression de son criard qui fait mal à notre ouïe. Avec un son bien réparti on peut régulièrement s’entendre parler en plein concert. Cela implique d’avoir du bon matériel en suffisance (notamment pour avoir assez de puissance dans les graves). C’est une responsabilité qu’on a envers le public.
De manière générale, privilégier des prestataires locaux, connaissant les spécificités du lieu ou les artistes programmé·es, permet à la fois de renforcer l’écosystème culturel local et d’améliorer la qualité de l’événement. En l’absence de coordination technique au sein de l’équipe, ces partenaires peuvent également jouer un rôle de conseil, en apportant un regard expert sur la mise en œuvre technique. Ils sont en mesure d’identifier les contraintes liées au lieu, d’évaluer la compatibilité des équipements et de proposer des ajustements adaptés.
On a tendance à penser que c’est un métier qui s’improvise facilement mais cela demande tout de même de l’expérience. Pas dans le sens que ce que l’ont fait est compliqué au niveau technique mais plus que ce métier implique d’avoir une vision d’ensemble à tout moment de la production et ça c’est la clef pour savoir réagir rapidement en cas de problème. Il faut savoir faire preuve de déduction, créativité et de réactivité car le live c’est souvent des imprévus et il faut réagir vite et de la bonne manière, surtout quand il y a 15 000 personnes devant la scène. Pouvoir compter sur une équipe fiable dans laquelle on peut avoir confiance, c’est une garantie de succès.
Sur un concert de niveau professionnel, l’équipe technique regroupe plusieurs acteur·ices aux rôles complémentaires :
- Le·la stage manager est responsable de la gestion globale de la scène. Son rôle principal est de veiller au respect du planning, mais aussi d’intervenir rapidement en cas d’imprévu susceptible de perturber le bon déroulement du concert.
- Il·elle est épaulé·e par des stagehands, qui assurent le transport du matériel depuis les véhicules jusqu’à la scène, et participent à son installation selon les consignes du·de la régisseur·se plateau.
- L’ingénieur·e son d’accueil, ou FOH (Front of House), prend en charge l’accueil technique des groupes ainsi que la gestion du système de sonorisation. Sur les festivals d’envergure, ces missions sont parfois scindées entre deux personnes distinctes : l’une dédiée à l’accueil, l’autre au calage du système.
- L’ingénieur·e son du groupe accompagne parfois les musicien·nes en tournée avec sa propre console. Lorsqu’aucun·e ingé son n’est prévu·e par le groupe, c’est l’ingé son d’accueil qui assure le mix.
- L’ingénieur·e son retour est chargé·e du mixage sur scène, en lien direct avec les artistes, afin d’ajuster leurs retours selon leurs besoins.
- Le·la régisseur·se plateau, parfois appelé·e « patcheur·euse », est responsable de l’implantation des instruments sur scène et du câblage des micros, notamment lors des changements de plateau.
- Enfin, le·la régisseur·se lumière pilote l’éclairage et les effets visuels spécifiques au show.